1. L'éthique comme art de vivre
Michel Onfray commence par réaffirmer sa conception de la philosophie comme pratique de vie et non comme discours abstrait. L’éthique, pour lui, n’est pas une morale universelle mais une manière personnelle d’habiter le monde. Inspiré par les philosophies antiques, il rejette les systèmes moraux dogmatiques pour défendre une éthique individualiste et incarnée, enracinée dans le corps, les affects, et les situations concrètes.
2. Contre la morale chrétienne et kantienne
Onfray critique les deux grands piliers de la morale occidentale :
Le christianisme, qui valorise la souffrance, le sacrifice et la culpabilité.
Kant, qui fonde la morale sur la raison et des lois universelles, déconnectées de l’expérience vécue. Il dénonce l’illusion d’une morale fondée sur la négation des désirs, et préfère une éthique du réel, centrée sur la vitalité, l’immanence, et la singularité.
3. Vers une éthique hédoniste
Il propose une éthique hédoniste inspirée d’Épicure, mais revisitée. L’hédonisme n’est pas la recherche effrénée des plaisirs, mais la quête d’un équilibre : il faut maximiser les plaisirs durables et minimiser les douleurs. Ce "calcul des plaisirs" devient un critère concret d’action, contre les abstractions morales.
4. L'individu souverain
L’éthique vitaliste repose sur la souveraineté de l’individu : chacun doit apprendre à se connaître, à évaluer les plaisirs et douleurs qui le traversent, et à construire sa vie selon ses propres lois. Cela implique une autosuffisance éthique, qui renverse l’hétéronomie imposée par les morales religieuses ou rationalistes.
5. Une éthique tragique
Cette éthique reconnaît aussi la dimension tragique de la vie : il n’y a pas de bien absolu, de vérité morale unique, ni de sens imposé. Il faut donc agir avec lucidité dans un monde sans garanties, affirmer son existence malgré le chaos, et créer sa propre lumière dans l’obscurité.
6. Un matérialisme joyeux
Onfray relie cette éthique à une ontologie matérialiste : nous sommes faits de matière et de désirs. La vie doit donc être pensée comme puissance, mouvement, et intensité. C’est un matérialisme anti-négation, qui refuse les dualismes (corps/esprit, bien/mal, ciel/terre) et valorise la joie d’exister.
💡 Conclusion
Michel Onfray développe une éthique vitaliste qui rompt avec les morales normatives, dogmatiques et ascétiques de la tradition judéo-chrétienne et kantienne. Fondée sur l’expérience vécue, le plaisir mesuré et la souveraineté individuelle, cette éthique vise à cultiver une vie intense, lucide et incarnée dans le réel. Elle propose une sagesse non pas pour échapper à la vie, mais pour mieux l’habiter.
📚 Philosophes mentionnés
Épicure (341 av. J.-C. – 270 av. J.-C.) — Fondateur de l’épicurisme, prône le plaisir comme guide de vie raisonnée.
Emmanuel Kant (1724 – 1804) — Philosophe allemand, auteur de la morale fondée sur l’impératif catégorique.
Friedrich Nietzsche (1844 – 1900) — Philosophe du vitalisme, critique de la morale chrétienne.
Crédits : Michel Onfray et la Contre-histoire de la philosophie
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