Introduction
Ce septième épisode s’attaque à la prétention scientifique de la psychanalyse. Michel Onfray examine les stratégies par lesquelles Freud a voulu imposer sa théorie comme une science, tout en échappant aux critères de scientificité. En reconstituant les jeux d’emprunts, de maquillages et de légitimations empruntés à la médecine, à la physique ou à la biologie, l’épisode dévoile une construction idéologique : la psychanalyse se présente comme une science, mais fonctionne comme une mythologie moderne.
1. Freud et l’autorité médicale
Freud cherche à asseoir son autorité à travers sa formation de médecin :
Il inscrit sa théorie dans le vocabulaire médical (pulsions, symptômes, guérison).
Il utilise la blouse blanche comme légitimité symbolique.
Il s’adosse à la neurologie et aux connaissances physiologiques de son temps.
Mais il dépasse rapidement la médecine au profit d’une construction imaginaire, échappant aux exigences de preuve.
2. Une sémantique pseudo-scientifique
La psychanalyse emprunte son langage aux sciences dures :
Références à l’énergie, aux forces, à la pression, aux décharges…
Ces notions viennent de la physique du XIXe siècle, mais sont utilisées de manière métaphorique.
Il n’y a pas de quantification, de reproductibilité, de protocole vérifiable.
Ce vocabulaire donne l’apparence de rigueur à un système spéculatif.
3. Une logique non falsifiable
Contrairement à une démarche scientifique :
La psychanalyse n’autorise aucune expérimentation décisive.
Toute réfutation est interprétée comme résistance ou symptôme.
L’adhésion au système devient la condition même de sa véracité.
Ce mécanisme circulaire rend la psychanalyse irréfutable — et donc non scientifique au sens strict.
4. Le modèle de la science galiléenne retourné
Freud cite souvent Galilée comme modèle :
Il se rêve en fondateur d’une révolution copernicienne dans la connaissance de l’homme.
Il oppose la psychanalyse à la philosophie spéculative, qu’il juge stérile.
Il se présente comme porteur d’une vérité que la science viendra confirmer.
Mais cette analogie est trompeuse : Freud impose une vérité dogmatique, non soumise à expérimentation.
5. La mise en scène de la découverte
La manière dont Freud raconte ses découvertes s’inspire d’un récit épique :
Il se présente comme un génie solitaire, luttant contre l’incompréhension.
Ses opposants sont décrits comme aveugles ou malveillants.
Il rejoue la figure du héros scientifique incompris, pour renforcer sa légitimité.
Cette posture relève du mythe plus que de la méthode.
💡 Conclusion
La psychanalyse n’est pas une science mais une fiction construite avec les outils symboliques de la science. Freud a usé de la rhétorique médicale, du lexique énergétique et des analogies scientifiques pour fonder une doctrine invérifiable. L’épisode révèle une stratégie d’autorité fondée non sur la preuve, mais sur la séduction narrative et la protection dogmatique. Ce mythe scientifique a permis à la psychanalyse de s’imposer malgré son absence de fondement expérimental.
📚 Philosophes mentionnés
Galilée (1564 – 1642) — Astronome et physicien italien, figure emblématique de la révolution scientifique.
Sigmund Freud (1856 – 1939) — Médecin viennois, fondateur de la psychanalyse, promoteur d’une « science de l’inconscient » non falsifiable.
Crédits : Michel Onfray et la Contre-histoire de la philosophie
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