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CHP15 - 06. Une vie sous le signe d’Œdipe
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CHP15 - 06. Une vie sous le signe d’Œdipe

Freud - 1ère partie

Introduction

Ce sixième épisode explore l’importance du complexe d’Œdipe dans la vie personnelle de Freud. Michel Onfray montre que ce concept central de la psychanalyse n’est pas une vérité anthropologique universelle, mais le reflet direct du vécu subjectif de son auteur. Le mythe d’Œdipe fonctionne ici comme une grille de lecture projective de la propre enfance de Freud, marquée par la confusion des rôles familiaux, les fantasmes sexuels et la quête de puissance.

Œdipe maudit son fils Polynice, Emile FRIANT (1883), Musée des B-A de Rennes

1. Une généalogie oedipienne inversée

Freud se représente comme Œdipe non pas victime du destin, mais acteur lucide :

  • Il revendique une volonté de savoir, quitte à affronter l’horreur de ses origines.

  • Il fait de la vérité sur ses parents une quête intellectuelle, détournée en doctrine.

Cette posture le place à la fois comme sujet oedipien et comme analyste de sa propre tragédie, dans une mise en scène de lui-même en héros fondateur.


2. Des éléments biographiques troubles

L’enfance de Freud présente plusieurs indices oedipiens :

  • Admiration exaltée pour sa mère, décrite comme jeune, belle et affectueuse.

  • Ambivalence envers son père, tour à tour idéalisé et humilié.

  • Environnement familial propice à la confusion des places : demi-frères adultes, oncles fictifs, générations brouillées.

Ces éléments constituent un terreau favorable à l’émergence d’un schéma oedipien, interprété ensuite comme modèle universel.


3. Le rêve du père mort : fantasme ou vérité ?

Freud rapporte un rêve récurrent : la mort du père.

  • Il y voit une preuve du désir parricide inconscient.

  • Onfray y décèle une mise en scène narrative destinée à valider a posteriori sa théorie.

Ce rêve devient ainsi un élément clé d’une autobiographie codée, où l’analyse masque la confession.


4. Une sexualisation précoce de la relation à la mère

Freud évoque des souvenirs d’enfance teintés d’érotisme :

  • Être caressé ou déshabillé par sa mère,

  • Exposer son corps à la vue d’autrui dans un climat de séduction familiale.

Ces souvenirs alimentent l’idée d’une sexualité infantile, mais relèvent d’une expérience personnelle sur-généralisée par la psychanalyse.


5. Le mythe d’Œdipe comme autoportrait déguisé

Le choix du mythe d’Œdipe n’est pas neutre :

  • Il permet de symboliser les conflits de Freud avec sa lignée paternelle.

  • Il met en récit une culpabilité personnelle transformée en loi universelle.

  • Il fait de la psychanalyse une tragédie métaphysique plutôt qu’une observation empirique.

Freud projette son propre théâtre intérieur sur le monde entier.


💡 Conclusion

Freud n’a pas découvert le complexe d’Œdipe chez les autres, mais en lui-même. Ce concept, prétendument universel, s’enracine dans une histoire familiale singulière et dans des fantasmes personnels transfigurés en théorie. L’épisode montre comment la psychanalyse fonctionne ici comme une mythologie intime, qui érige une expérience subjective en modèle anthropologique. Loin d’être une science, la psychanalyse se révèle comme une autobiographie masquée, codifiée par les figures du théâtre antique.


📚 Philosophes mentionnés

  • Sophocle (env. 496 – env. 406 av. J.-C.) — Tragédien grec, auteur d’Œdipe roi, mythe fondateur du complexe freudien.

  • Friedrich Nietzsche (1844 – 1900) — Philosophe de la tragédie, critique de la morale et analyste des pulsions inconscientes.

  • Sigmund Freud (1856 – 1939) — Médecin viennois, inventeur de la psychanalyse, théoricien du complexe d’Œdipe.


Crédits : Michel Onfray et la Contre-histoire de la philosophie

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