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CHP15 - 09. La liberté d'inventer
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CHP15 - 09. La liberté d'inventer

Freud - 1ère partie

Introduction

Dans ce neuvième épisode, Michel Onfray explore la question du statut des cas cliniques freudiens et de leur valeur historique. Il montre que Freud s’est octroyé une « liberté d’inventer » qui brouille la frontière entre observation et fiction. Loin de reposer sur des faits vérifiables, les récits de cure servent une stratégie narrative, où les patients deviennent les personnages d’un roman théorique destiné à illustrer la validité de la psychanalyse.

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Sergueï Pankejeff, dit « L'homme aux loups », et sa femme, en 1910.

1. Le cas comme outil de légitimation

Les cas freudiens ont une fonction essentielle :

  • Ils servent de démonstration à la théorie, non de preuve clinique.

  • Leur sélection, leur construction narrative et leur publication sont toujours orientées.

  • Freud réécrit les séances, modifie les faits, recompose les dialogues pour qu’ils coïncident avec ses hypothèses.

Il s’agit moins d’analyse que de mise en scène.


2. L’homme aux loups : une fable freudienne

Exemple central :

  • Freud affirme avoir guéri ce patient par la parole.

  • Le patient, en réalité, poursuit des consultations durant toute sa vie, sans résolution.

  • Des éléments cruciaux sont ignorés ou refoulés par Freud, comme l’impact de la religion ou des traumatismes externes.

Le cas devient une fiction édifiante où le psychanalyste joue le rôle du déchiffreur de l’énigme.


3. Entre enquête policière et roman à clé

Freud structure ses récits cliniques comme des intrigues :

  • Il place des indices, construit des interprétations, révèle une vérité cachée.

  • Le patient est relégué au rang d’objet d’étude, voire de cobaye narratif.

  • L’important n’est pas le réel, mais la cohérence de l’interprétation.

Cette posture transforme la clinique en littérature herméneutique.


4. La vérité soumise au désir de théorie

Freud manipule la vérité pour que les faits correspondent à la doctrine :

  • Silences, oublis, ajouts, reconstructions — tout est permis au nom du savoir.

  • Il préfère les récits qui illustrent ses thèses, quitte à ignorer ceux qui les contredisent.

  • Cette liberté d’invention, revendiquée au nom de la profondeur psychique, constitue une trahison de la réalité empirique.

La psychanalyse devient ainsi une idéologie narrative plus qu’une méthode rigoureuse.


5. Un auteur plus qu’un praticien

Freud agit davantage comme écrivain que comme médecin :

  • Il construit des personnages, des intrigues, des symboles.

  • Il impose un style, une vision du monde, une dramaturgie des affects.

  • Ses textes relèvent plus du roman à thèse que du rapport clinique.

Onfray appelle à lire Freud comme un auteur de fiction philosophique.


💡 Conclusion

La psychanalyse ne repose pas sur l’analyse de cas réels mais sur des récits construits à des fins théoriques. Freud transforme ses patients en personnages de roman, leur impose des intentions, des causes, des désirs supposés. Cette « liberté d’inventer » dévoile la nature littéraire, presque mythologique, de la psychanalyse. Loin d’une science, elle apparaît ici comme un art du récit, où le vrai cède devant le vraisemblable, et où la théorie dicte la réalité.


📚 Philosophes mentionnés

  • Sigmund Freud (1856 – 1939) — Médecin viennois, auteur de cas cliniques construits comme des fictions interprétatives au service de sa théorie.


Crédits : Michel Onfray et la Contre-histoire de la philosophie

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