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Transcription

Jeffrey Sachs devant le parlement européen (19/02/2025)

Le monde selon Jeffrey Sachs : Plaidoyer pour une politique étrangère européenne indépendante

Introduction

Lors de son intervention au Parlement européen, le professeur Jeffrey Sachs a livré une analyse incisive des relations internationales depuis la fin de l’Union soviétique. Son discours, dense et sans détour, remet en question la politique étrangère américaine et appelle l’Europe à adopter une voie indépendante. Voici les points saillants de son intervention.

La domination américaine depuis 1991

Sachs débute son exposé en dénonçant la politique hégémonique américaine post-1991. Après l’effondrement de l’Union soviétique, les États-Unis ont, selon lui, adopté une posture de domination mondiale :

  • Interventions militaires : Il cite les guerres au Moyen-Orient, en Serbie et en Afrique comme des conflits initiés ou soutenus par les États-Unis. "Les États-Unis ont mené et causé ces guerres. Cela dure depuis plus de 40 ans," déclare-t-il.

  • Absence de politique étrangère européenne : Sachs critique l’Europe pour son alignement systématique sur Washington, sans développer une véritable politique étrangère autonome. Il déplore que « l’Europe n’a eu aucune politique étrangère identifiable pendant cette période. Pas de voix, pas d’unité, pas de clarté, seulement une loyauté envers les États-Unis. »

Le conflit en Ukraine : une tragédie évitable

Un point central du discours concerne la guerre en Ukraine. Sachs avance que ce conflit aurait pu être évité si les négociations de paix, initiées dès les premiers jours de l’invasion, avaient été poursuivies :

  • Négociations avortées : Il affirme que l’Ukraine était proche d’un accord avec la Russie, mais que les États-Unis auraient incité Kiev à se retirer des pourparlers. « J'ai volé à Ankara pour écouter en détail ce que faisaient les médiateurs. L'Ukraine s'est retirée unilatéralement d'un accord presque conclu, car les États-Unis le leur ont dit. »

  • Neutralité de l’Ukraine : Sachs plaide pour une Ukraine neutre, estimant que l’expansion de l’OTAN vers l’Est est l’une des causes profondes du conflit. Il rappelle que l’objectif russe était clair : « Le but était de forcer Zelensky à négocier la neutralité. Rien de plus. »

Comprendre la position russe

Sachs détaille longuement les motivations et les inquiétudes russes, souvent caricaturées dans les médias occidentaux :

  • La peur du “containment” : Il explique que la Russie a perçu l’élargissement de l’OTAN comme une menace directe. « L’expansion incessante de l’OTAN vers l’Est a été vue par Moscou comme une provocation délibérée. »

  • L’importance stratégique de l’Ukraine : Sachs souligne que la Russie considère l’Ukraine non seulement comme une zone tampon stratégique, mais aussi comme un espace vital pour sa sécurité nationale. « Ce n’est pas une question d’expansion impérialiste, c’est une question de sécurité essentielle pour la Russie. »

  • Le rejet des négociations : Il critique la position occidentale qui refuse de prendre en compte les lignes rouges russes. « Le problème, c’est que personne n’écoute. Les faits simples et basiques sont ignorés. »

L’Europe face à ses responsabilités

Sachs exhorte l’Europe à repenser son rôle sur la scène internationale :

  • Développer une politique étrangère indépendante : Il appelle les dirigeants européens à négocier directement avec la Russie et à cesser de suivre aveuglément les directives américaines. « S'il vous plaît, ne laissez pas des fonctionnaires américains diriger l'Europe. Ayez des responsables européens. Ayez une politique étrangère européenne. »

  • Repenser l’OTAN : Selon lui, l’OTAN, initialement conçue comme une alliance défensive, est devenue un outil de domination américaine. Il propose même la dissolution de l’alliance : « J'aurais mis fin à l'OTAN en 1991. Elle n’a plus de raison d’être aujourd’hui. »

Les enjeux géopolitiques globaux

Le professeur aborde également d'autres crises :

  • Moyen-Orient : Il critique l’influence démesurée d’Israël sur la politique américaine et appelle à une solution à deux États pour résoudre le conflit israélo-palestinien. « La seule voie vers la paix est un État palestinien selon les frontières de 1967. »

  • Chine : Il souligne que la Chine est perçue comme une menace par les États-Unis uniquement en raison de son succès économique. « La Chine n’est pas un ennemi. C’est juste une histoire de réussite, et c’est pour cela qu’elle est vue comme une menace. »

Un appel à la paix et au réalisme

Sachs conclut son discours par un plaidoyer en faveur du réalisme et du dialogue :

  • Dialogue et respect mutuel : Il insiste sur l'importance de négocier avec les adversaires au lieu de chercher à les isoler ou à les renverser. « Nous devons nous comporter en adultes. Cela signifie parler, écouter et trouver un terrain d’entente. »

  • L’Europe comme force de paix : Il imagine une Europe capable de jouer un rôle de médiateur global, indépendante et tournée vers la paix. « L’Europe devrait être la principale force de paix dans le monde. Elle a les moyens et la légitimité pour le faire. »

Conclusion

Le discours de Jeffrey Sachs est un appel audacieux à repenser les alliances et les stratégies géopolitiques actuelles. Il invite l’Europe à prendre son destin en main et à devenir un acteur global responsable et autonome. Plus qu’une critique des politiques passées, c’est un manifeste pour un avenir basé sur le dialogue, la paix et la coopération internationale.

Qu’en pensez-vous ? L’Europe peut-elle vraiment s’affranchir de l’influence américaine pour forger sa propre voie ? N’hésitez pas à partager vos réflexions en commentaire.

Credits: Fidias Panayiotou (@Fidias0)

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